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fession. Le tableau sur lequel pontait Estourbiac gagnait effroyablement. Au contraire, la banque passa six fois de suite contre Valterre et Sosthène Poix. Le vicomte perdait plus de six mille francs. La razzia opérée par Marguerite et Mme de Lunel l’empêcha de doubler une fois encore la mise précédente. Il jeta sur le tapis seulement vingt-cinq louis. Il gagna. Immédiatement la pensée lui vint que sans l’avidité de ses maîtresses, il eût pu se refaire. Ainsi, indirectement, elles seraient les causes de sa mort. Cette idée lui procura une sorte d’intime et douloureuse satisfaction. Désormais, il ne pouvait plus suivre sa tactique. Il joua d’inspiration et, une heure après, il avait tout perdu.

— Je suis à sec, dit-il. Je vais vous faire mes adieux…

On le regarda d’un air étonné. Comment ! Il reculait. Pour si peu, cinq cents louis, une misère ! Lui, le joueur impassible, le viveur étonnant ! Partait-il en voyage ?

— Oui, en voyage…

Il pouvait s’adresser au gérant, emprunter. On ne lui eût certes pas refusé. Il n’y songea pas une minute. Sa résolution était irrévocablement prise. Comme il redemandait sa canne, dans l’antichambre, Sosthène Poix, totalement décavé, le rejoignit :

— Cet animal d’Estourbiac gagne des sommes