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ses désirs, il s’assit à une table. Les Tristapattes se groupèrent autour de lui. On commençait à avoir soif. Taïko paya des consommations.

L’ivresse gagnait les cerveaux. Devant, les couples passaient en chuchotant, se montrant le Chinois et riant. Au bout d’un moment, la bande s’ennuya. On trouvait que le prince devenait trop répandu et perdait de son relief. D’ailleurs, il y avait assez longtemps qu’on était à Bullier. Ça devenait assommant. Si on allait vadrouiller ? La proposition fut adoptée à l’unanimité. Le temps de prendre une nouvelle tournée et l’on sortit.

Alors commença une odyssée inénarrable : l’alcool des bocks avait mis de la fantaisie dans les attitudes. Maintenant, chacun marchait à sa guise. Quelques-uns décrivaient sur les trottoirs des arabesques, accrochant au hasard les arbres, les becs de gaz et les passants attardés. Jeanne était soutenue des deux côtés par Toutbeck et Arguesorre qui lui disaient des bêtises. Ko-Ko marchait en avant avec Kopeck, à grandes enjambées. Houdart, monomaniaque, s’acharnait dans une idée fixe : lorsqu’il rencontrait un gardien de la paix, il s’avançait vers lui et, poliment, levait son chapeau.

— Veux-tu un cigare ?

Le sergent, paternel, à cette heure propice aux ivrognes, refusait, disant au poète de passer son chemin. Alors, Houdart, tenace, insistait. Certai-