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hara-kiri

nement, il aurait compris le refus de l’honorable sergent si le cigare n’eût pas été bon, mais il était excellent, c’était un cigare délicieux, parfumé…

Et si le gardien de la paix, impatienté, menaçait de le conduire au poste, le poète ajoutait avec un geste d’épaules, l’air peiné :

— Oh ! alors, si tu te fâches !… Fallait le dire tout de suite, tu comprends… C’est égal, tu as tort tout de même, ce sont de bons cigares…

On entrait dans les brasseries, surtout dans celles où servaient des femmes. Quelquefois on ne prenait rien. Mais on taquinait les filles, on embêtait le patron, ce qui fait toujours plaisir. On présentait solennellement le prince Ko-Ko aux assistants, avec son épouse. Même on eut un instant la pensée de lui faire manger du tabac. Mais Kopeck ayant proposé un lapin cru, ce qui est plus couleur locale, on ne trouva pas de lapin et l’idée fut abandonnée.

Le pauvre Ko-Ko était tout à fait ivre. Il n’avait plus conscience de rien et riait constamment d’un rire hébété. Seul, le corps se tenait encore, tant bien que mal. Sur le boulevard Saint-Michel, Monnet, sous prétexte de faire une farce à un concierge, entra dans un vestibule avec les deux Alène. Là, il poussa un cri sauvage, cogna les vitres de la loge et se sauva en tirant la porte après lui. Puis, entendant à l’intérieur un grand bruit,