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hara-kiri

ces peuples qui se disent civilisés ! Avec la nature inquiète, curieuse de Fidé, cela devenait à la fin une obsession. Les mœurs de la rue, les coutumes publiques, qui l’avaient tant surpris et amusé d’abord, le laissaient maintenant indifférent. Il voulait aller plus avant dans l’existence intime des Français et mener surtout cette vie de plaisirs dépeinte par Durand et qu’il ignorait encore aussi complètement que s’il n’eût jamais quitté Yokohama. C’est à peine s’il se mêlait à la conversation de ses camarades, et il les quittait aussitôt après le repas commun, pour se promener seul dans les rues du quartier latin, allant droit devant lui, au hasard, s’arrêtant seulement à la Seine.

Il avait surtout soit de connaître la femme, cette créature mystérieuse de l’Occident, dont l’image pleine de séductions hantait ses rêves depuis son départ de Mionoska. Il suivait des yeux, avec un regard plein de convoitises, les jolies Parisiennes traversant les rues de leur pas léger, laissant apercevoir par le coin relevé de leur robe la fine bottine découverte, modelant le pied en noir sur la blancheur des jupes brodées et parfois des désirs fous le prenaient de s’élancer brutalement, ainsi qu’une bête féroce, sur une de ces femmes, de l’emporter comme une proie.

Par hasard, dans une de ces promenades solitaires, il avait rencontré un gros garçon, près