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étudiants noceurs. Il avait échangé des cartes avec les Tristapattes et savait les retrouver, au besoin. Il retourna souvent à Bullier, fréquenta les brasseries et tutoya les grenouilles. Il pensait toujours un peu à Jeanne, cette jolie femme entrevue et si sottement quittée pendant la vadrouille. Il la rencontra un soir et elle consentit à l’accompagner chez lui, où elle demeura deux jours. Puis, elle s’envola un matin et il ne la revit plus. Le bruit courut qu’elle avait émigré sur la rive droite.

On connaissait Fidé, maintenant, au quartier Latin. Les filles l’aimaient parce qu’il dépensait facilement son argent avec elles. Le surnom baroque inventé par Kopeck lui était demeuré : on l’appelait le prince Ko-Ko. Beaucoup ne lui connaissaient pas d’autre nom ; les femmes lui portaient, à cause du titre de prince, un certain respect et lui-même trouvait amusante cette fantaisie parisienne.

Dans cette existence décousue, irrégulière, allant à la dérive, suivant les velléités de sa cervelle et les fluctuations de sa bourse, Fidé ne négligeait pas complètement les cours de l’École de droit : Quand ses prodigalités avec les femmes amenaient la dèche passagère, ou dès qu’il pleuvait, on le voyait arriver, gravir lestement l’amphithéâtre et se glisser timidement à une place d’où il ne bougeait plus pendant la leçon. L’encrier de bois posé sur le banc, à son côté, le cahier