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son cœur une musique amoureuse. Et dès que cette pensée lui fut venue, sans savoir pourquoi, il espéra la retrouver là, ce qui était possible, puisqu’elle avait passé l’eau.

Les amis de Levrault arrangeaient leur soirée : les uns soupaient, les autres partaient avec des femmes, l’étudiant rentrait philosophiquement chez lui. Un de ces messieurs, le vicomte de Valterre, allant à son club, proposa au Japonais et à son ami de les prendre dans sa voiture. Ils acceptèrent avec empressement.

Tandis que la victoria filait vers le boulevard, les trois jeunes gens causaient. Le vicomte de Valterre se faisait raconter des histoires du Japon et les vadrouilles du quartier Latin. Il trouvait le Chinois très drôle décidément avec son mélange d’ignorance orientale et d’érudition de bastringue, le priait de venir le voir et, arrivé au cercle, lui donnait sa carte en disant :

— Venez déjeuner demain avec moi.

— En quelques jours, ils firent connaissance plus intime. Valterre, s’intéressant à Fidé, suivant son expression, le dégrossit, le ponça et le mit en forme : Il le promenait au Bois avec lui, le conduisait aux premières, le lançait dans les salons demi-mondains, tandis que Taïko, dévoré d’ambition, avide de faire honneur à son maître en parisianisme, s’européanisait rapidement, désertait le