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hara-kiri

tous, le matin, au petit jour, à la lueur pale des candélabres encore allumés.

Valterre, rentré chez lui en passant par le Hammam, se fit seller un cheval et partit au Bois pour se remettre.

Auprès du lac, il aperçut devant lui un couple à cheval. Le cavalier, à longue moustache blonde, très correct, se penchait avec sollicitude, entourant la taille de sa compagne, en lui attachant un bouquet de violettes sur la poitrine. Au bruit que faisait le cheval de Valterre, la jeune femme se retourna et, vivement, elle rabattit son voile sur sa figure, en cravachant son cheval.

— Tiens, murmura le vicomte avec un rire narquois, la belle Mme de Lunel est bien matinale.

Et, discrètement, il ralentit l’allure de sa bête. Plus loin, dans l’allée réservée aux cavaliers un autre groupe passait, un cavalier et une amazone, qui le croisèrent. C’était de Garrigal avec Flavie, une écuyère de l’Hippodrome. De Garrigal était du Young-Club. Les cavaliers s’arrêtèrent, se tendirent la main de cheval à cheval.

— Eh bien ! ça a-t-il été drôle, hier ? demanda de Garrigal.

— Ne m’en parlez pas, répondit Valterre en souriant. Figurez-vous qu’ils se sont amusés à faire boire mon petit Chinois. Il était gris comme un Polonais ! Je crois même qu’il dort encore…

Son cheval fit un brusque écart. Le jeune homme