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hara-kiri

ramena l’animal et, le tenant vigoureusement en main, partit au galop, en répétant de sa voix aristocratique :

— Là ! là ! Bellement ! Bellement !

Tandis qu’il saluait avec cette grâce chevaleresque dont il avait le secret, Flavie et de Garrigal poursuivaient leur route, s’enfonçant sous la verdure de l’allée sombre, où les oiseaux chantaient dans les branches et s’enfuyaient à leur passage.

 

Chaque soir, le vicomte de Valterre et Taïko-Fidé se retrouvaient, heureux, organisant des fêtes, cherchant des excentricités, donnant au Club l’impulsion de leur jeunesse et lui communiquant la gaieté de leur éclat de rire. Mais, vers la fin du carnaval, c’était, dans les salons, une débandade générale. Les figures, amaigries, avaient des reflets de cire ; les joueurs, décavés par des culottes successives, semblaient avoir perdu tout entrain avec leurs fonds. Il y avait ainsi des périodes d’avachissement où tout le monde était vanné. Dans les grandes pièces désolées, le gaz jetait une lumière crue et fatigante ; des laquais passaient, l’air ennuyé ; au fond, par une porte ouverte, on voyait deux vieux messieurs se mesurer au billard. Ils faisaient tranquillement leur partie, tournant sans hâte, avec des craquements de chaussures, le cigare au coin de la bouche, se penchant longuement pour jouer