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hara-kiri

prenant, avant de lancer leurs billes, des précautions infinies. De temps en temps, l’un d’eux, furieux d’avoir manqué un carambolage, jurait : « Ah ! sacredié ! » et mettait du blanc, ou bien applaudissait d’un : « Bien joué ! » un coup difficile magistralement exécuté par son adversaire.

Valterre et Taïko, pris par l’engourdissement des autres, s’étaient installés au fond d’un petit salon où ils se trouvaient seuls. Là, renversés dans de larges fauteuils, tous deux fumaient mélancoliquement, les pieds sur les chenets, écoutant le tic-tac de la pendule, les yeux à demi fermés, somnolents, dans une douce sensation de paresse et de chaleur auprès du feu qui flambait. Neuf heures sonnèrent : Valterre, relevant la tête, regarda les aiguilles sur le cadran, puis, entre deux bâillements prolongés, entama la conversation :

— Je suis complètement abruti, mon cher, dit-il d’un ton morne.

— Moi aussi, répondit Fidé.

— J’en ai assez de faire la fête.

— Bah ! je la connais… Vous dites cela, et ce soir, vous allez recommencer.

— Ah ! quant à ça, mon bon, je ne vous conseillerai pas plus d’en faire le pari que de mettre de l’argent sur les chevaux du major Hatt…

— Et que faites-vous, ce soir, cher ?

— Moi, rien. Et vous ?