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Page:Allaire - La Bruyère dans la maison de Condé, t. 1, 1886.djvu/53

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CHAPITRE II.
La Bruyère dans la bibliothèque de son oncle reconnaît que l’étude des mœurs et des caractères peut conduire à la sagesse. — Il se livre à l’étude de la philosophie cartésienne : il y trouve non seulement une méthode excellente pour arriver à la certitude et fonder la science des mœurs, mais encore a une société d’amis qui comprennent ses goûts et qui pourront un jour lui être fort utiles. — Mort de l’oncle Jean de la Bruyère. — Ses testaments. — Son héritage. — Nouvelle situation de la Bruyère dans sa famille, auprès de sa mère, de ses deux frères Louis et Robert, et de sa sœur Élisabeth. — Bossuet, qui protège les cartésiens, place l’abbé Cl. Fleury auprès des princes de Conti et M. de Cordemoi auprès du Dauphin. — La Bruyère se fait recevoir, à Rouen, trésorier de France et général des finances en la généralité de Caen. — Peu de temps après son installation dans son bureau des finances, il revint à Paris.

L’oncle Jean de la Bruyère possédait un livre fort précieux, qui sera catalogué[1] dans l’inventaire de sa succession : la doctrine des Mœurs, tirée de la philosophie des stoïques, représentée en cent tableaux et expliquée en cent discours[2]. Ce livre était dédié à la reine mère Anne d’Autriche et au cardinal de Mazarin, dont l’auteur faisait le plus pompeux éloge. Les cent tableaux étaient de magnifiques gravures par Otho Vœnius, qui ont encore aujourd’hui une grande valeur. Les explications étaient d’une morale très commune, sans relief ni caractère. La préface était de Marin Leroi de Gomberville, le fameux romancier : ce n’est pas la pièce la moins curieuse de ce livre d’images. Voici les passages qui durent intéresser le plus la Bruyère, et qui semblent avoir laissé dans son esprit une impression durable.

« Il est impossible d’aimer les belles choses et de ne pas aimer la

  1. Cf. Servois, Notice biographique.
  2. Paris, 1646, in-f°, chez Pierre Davet.