Page:Allais - À l’œil.djvu/103

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Et puis, l’avenir n’étant séparé du passé que par le présent, et le présent n’existant point… alors quoi ?

Enfin, pour tout dire, j’allais au café et je passais dans ce mauvais endroit mainte soirée qui eût été plus fructueusement occupée à des études arides sur le moment, mais, par la suite, rémunératrices.

Entre mes camarades habituels, s’en distinguaient deux qu’on aurait pu appeler les antipodes du tumulte.

L’un Georges Caron ; l’autre, Victor Ducreux.

Georges Caron, vacarmeux comme une chaudronnée de diables cuisant dans l’eau bénite, nous assourdissant par ses réflexions oiseuses, infiniment répétées sur un ton de fausset malplaisant.

Victor Ducreux évoquait l’idée d’un sépulcre soigneusement capitonné. Jamais un mot, sauf, en des cas désespérés, un blasphème bref et sourd.

Or, voici ce qui advint un jour :


I


Ou plutôt un soir.

Nous étions réunis tous au fond d’un petit cabaret de la rue Monsieur-le-Prince qui s’appe-