sa brouette. Toutes les boîtes de sardines qu’on mangea dans le pays pendant un an y passèrent.
Quand le soleil tapait sur la falaise, on voyait sa petite maison à trois lieux en mer, et bien des navigateurs qui passaient au large crurent à un nouveau système de phares diurnes.
À part sa passion pour l’arcol et pour sa brouette, il éprouvait une troisième idolâtrie, celle des roses mousseuses.
Ce vieux bohème dépenaillé, sordide, ne sortait jamais sans un petit bouquet de roses mousseuses à sa boutonnière.
Il les cultivait amoureusement autour de sa petite hutte, et je me rappelle encore son désespoir un jour qu’une grosse marée d’équinoxe lui enleva ses plantations.
Une nuit que nous revenions du Havre en pirogue, avec quelques camarades, nous eûmes l’idée, en passant sous la falaise de Vasouy, de réveiller Grapinel.
La mer était haute et nous étions séparés de la grève par une soixantaine de mètres.
Ohé ! Grapinel ! viens-tu prendre la goutte ?
Immédiatement, nous entendîmes la vieille voix cassée de Grapinel :
— Espérez-mé ! me v’là !
L’idée de licher un peu d’arcol avait suffi pour le réveiller et nous le voyions entrer dans le flot,