Page:Allais - À l’œil.djvu/213

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lâcha le cabotin et devint la maîtresse d’un jeune sculpteur de Montparnasse.

Pas de coups avec cet artiste, mais une purée ! Et tout le temps poser, tout le temps.

Heureusement qu’il vint une commande, un buste. Un jeune homme riche tenait à posséder ses traits en marbre.

Quand les traits furent terminés, le jeune homme riche emporta son buste… et Nanette.

Entre nous, je crois que le buste n’était qu’une frime imaginée par le jeune homme riche pour se rapprocher de l’objet de son amour.

Quoi qu’il en soit, Nanette prit un ascendant considérable sur son nouvel amant et, comme elle le disait un peu modernement, elle le menait par le bi, par le bout, par le bi du bout du nez.

Tout de suite, avec lui, elle s’était mise à engraisser, enchantée d’ailleurs. « Ça me donne un air sérieux », affirmait-elle.

— Et ton amant, demandai-je, joli garçon ?

— Superbe.

— Intelligent ?

— Un vrai daim, mon cher ! Imagine-toi…

Et elle me conta force anecdotes tendant toutes à démontrer la parfaite stupidité du personnage.