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Avec Marcel, mille choses nouvelles à apprendre.

Laissons-lui la parole :

« Autrefois, me conta-t-il entre autres, quand j’avais de la prison à faire ou une contrainte à purger, je n’attendais pas qu’on m’arrêtât ; je filais tout droit à Pont-l’Évêque : « Bonjour, monsieur le directeur — Tiens, Marcel !… » À quoi bon déranger le monde ? Quand, un beau jour, voilà un gendarme qui me dit : « Marcel, veux-tu, chaque fois que tu vas là-bas, gagner trente sous ? Ça va, que je lui dis. — Alors, laisse-toi arrêter par moi : je toucherai trois francs de capture, nous partagerons… » Ah ! ça, c’était un bon gendarme ? Il vient d’être nommé brigadier à Livarot ; je le regrette, mais j’ai été bien content pour lui, car c’était un père de famille. »

Marcel ne conserve pas de tous les membres de la maréchaussée française la même opinion flatteuse, notamment d’un certain gendarme de marine auquel il réserve un cain de sa caine (un chien de sa chienne).

Il y a plusieurs années, n’écoutant que son courage, Marcel se jetait à l’eau et sauvait un matelot autrichien qui se serait certainement noyé sans cette heureuse intervention.

Quelques semaines plus tard, par le canal des