Page:Allais - À se tordre - histoires chatnoiresques.djvu/72

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— Mon ami, balbutia-t-il, tu dois comprendre, à mon aspect, qu’un malheur irréparable a fondu sur moi. Tu ne me verras plus : je quitte prochainement Paris.

Je ne trouvai d’autre réponse qu’un serrement de main où je mis toute ma cordialité.

De plus en plus écarlate, Boisflambard disparut dans la direction de la rue Racine.


Depuis cette entrevue, je m’étais souvent demandé quel pouvait être le sort de l’infortuné Boisflambard, et mes idées, à ce sujet, prenaient deux tours différents.

D’abord une sincère et amicale compassion pour son malheur, et puis un légitime étonnement pour le brusque effet physique de cette catastrophe : sur des objets inanimés, tels que des souliers ou une chemise.

Qu’un homme soit foudroyé par une calamité, que ses cheveux blanchissent en une nuit, je l’admets volontiers ; mais que cette même calamité transforme, dans la semaine, une paire d’élégantes bottines en souliers de roulier, voilà ce qui passait mon entendement.