Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/137

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relles de madame Cécile Chennevière, entre autres) que pour le public qu’on y coudoie.

Des grosses dames très comiques, avec, bravement, au point culminant de leur mamelle gauche, le ruban violet d’officier d’académie.

Aussi d’autres dames moins fortes et moins palmées, mais, tout de même, dignes d’intérêt.

Et puis surtout, un flot de drôles de jeunes filles, souvent jolies, parfois étrangement perverses en leur candeur jouée, toujours amusantes à voir passer, à entendre papoter.

Dès notre première visite, Auriol s’était mis au ton de l’endroit.

Il consultait le livret et s’écriait, en imitant les petites mines des dames présentes :

— Ah ! voici l’aquarelle de Valentine ! Tiens, l’éventail de Jane !… Mais, ma chère, cette petite Lucie est très en progrès !… Pas mal du tout, ses chrysanthèmes !

Or, un jour qu’il s’était écrié :

— Délicieux, ces pastels de Josiane ! Délicieux !

Le papa de Josiane était là, tout près, avec Josiane elle-même, et le papa de Josiane avait demandé à sa fille comment ce monsieur la connaissait assez intimement pour l’appeler par son petit nom.

Pour comble de malheur, tout à côté des pastels de Josiane, s’accrochait une petite nature morte de Germaine, et Auriol, avec l’inconscience du jeune âge, avait poussé cette exclamation :