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LARMES

C’est ainsi qu’un jour il dit à ses élèves :

— L’un de vous, en avalant les siennes, s’est-il parfois demandé pourquoi les larmes sont salées ?

Et sur cette cordiale parole, la classe se trouvant terminée, le digne professeur prit congé de ses élèves.

Le jeune Balthazar se piqua au jeu et fit le serment de venir à bout de cette thèse, coûtât que coûtât.

Il éplucha des bibliothèques entières, la Physiologie psychologique de Wundt, les Leçons d’Hydraulique de Puiseux, les exquises Perles et larmes du poète norvégien Bjoernsen, et constata que le problème n’y était point abordé, même de loin.

Des esprits superficiels répondraient : « Eh ! parbleu ! les larmes sont salées parce qu’elles contiennent une forte proportion de chlorures alcalins. »

Nous le savons aussi bien que vous, esprits superficiels ! Mais la question ne gît pas là. Nous nous demandons pourquoi la Providence intima aux larmes d’avoir le goût salé plutôt que tout autre goût.

M. Balthazar employa la méthode indirecte et se dit :

— Les larmes devaient avoir un goût ou ne pas en avoir.

Démontrons d’abord qu’elles devaient avoir un