Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/20

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— Trente centimes.

— Eh bien ! alors, je ne vous dois rien, ni un sou, ni une explication. Si votre Compagnie tient tant que ça au contrôle, elle n’a qu’à mettre un contrôleur à l’impériale, un contrôleur à l’intérieur et un contrôleur sur les marches. Mais, sous aucun prétexte, je n’entends être mêlé à cette ridicule et odieuse bureaucratie.

— Enfin, voulez-vous, oui ou non, dire si c’est vous qui êtes descendu de l’impériale ?

— M… !

Je dois déclarer que tout le monde dans l’omnibus me donnait tort, cohue lâche et servile d’Européens, indignes de la liberté.

Seule, une petite jeune fille, qui tenait le Journal à la main, semblait plongée dans une joie profonde par toute cette scène. (Si ces lignes viennent à lui tomber sous les yeux, un petit mot d’elle me fera plaisir.)

— Et puis, repris-je d’un air furibard, voilà cinq minutes que vous me faites perdre ; je me plaindrai au Conseil municipal. Je suis l’ami intime de M. Pierre Baudin.

Est-ce cette menace ? Est-ce le désir légitime de mettre fin à cette pénible histoire ? Ne sais, mais l’omnibus se décida à partir.

Mes covoyageurs me contemplaient avec des regards de basse-cour en courroux.

Ce fut surtout le lendemain que je m’amusai