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ARTISTES

— Messieurs, m’inclinai-je, je vois ce dont il s’agit. Voulez-vous me permettre de vous offrir l’hospitalité jusqu’à la venue du grand jour ?

Consentirent les jeunes gens.

Je les introduisis dans mon petit salon rose et vert pomme, orgueil de mon logis, et m’enquis s’ils souhaitaient se désaltérer.

Ils voulaient bien.

Je débouchai une bouteille de cette excellente bière de Nuremberg que les barons de Tucher se font une allégresse de m’offrir, et nous causâmes.

Les jeunes hommes — je l’aurais gagé — se trouvaient être des artistes : un poète, un peintre.

Voici les termes du poète :

— Je suis du groupe néo-agoniaque, dont la séparation avec l’école râleuse fit tant de tapage l’hiver dernier.

— Mes souvenirs ne sont pas précis à cet égard, répondis-je courtoisement. Vous êtes nombreux dans le groupe néo-agoniaque ?

— Moi d’abord, puis un petit jeune homme de Bruges. Et encore le petit jeune homme de Bruges décrit maintenant une arabesque d’évolution qui le disside de moi, sensiblement.

— Alors, vous ne vous battrez pas dans votre groupe. Et, dites-moi — excusez ma crasse ignorance — quelles sont les doctrines du groupe néo-agoniaque dissident de l’école râleuse ?

— Voici : il n’y a pas à se le dissimuler, notre