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DEUX ET DEUX FONT CINQ

— Du gronfignan… Tu sais bien, maman, du gronfignan comme il y a chez grand’mère.

— Ah ! du frontignan !

— Oui, du gronfignan, avec deux biscuits.

— Des biscuits, petite gourmande ?

— Mais oui, pardi, des biscuits ! Je suis pas gourmande parce que je demande des biscuits. J’ai faim, v’là tout ! Avec ça, des fois, que t’as pas faim, toi ! Et tout le monde aussi, des fois, a faim. D’abord, chaque fois que je vais en chemin de fer, moi, j’ai faim.

Le gronfignan et les biscuits sont apportés.

— Fais donc attention, Blanche, tu manges comme un petit cochon !

— Comment, je mange comme un petit cochon !

— Bien sûr, tu mets du vin sur ta robe.

— Alors, les petits cochons, ça met du vin sur sa robe ?

Et les yeux de la petite semblent hausser les épaules.

La mère s’impatiente visiblement.

— Et puis, quand tu auras fini d’essuyer la table avec tes manches.

— Avec quoi donc que tu veux que je l’essuie, la table ? Avec mon chapeau à plumes qu’est dans ton armoire ?

— Oh ! cette petite fille est d’un mal élevé ! Si tu