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LES BEAUX-ARTS DEVANT M. FRANCISQUE SARCEY

modèle comme ils disent, dont les traits et la forme du corps répondent au sujet qu’il s’est proposé.

» La femme se déshabille complètement et se met dans la posture indiquée par l’artiste. C’est ce qu’on appelle la pose.

» De son côté, le sculpteur, sans s’occuper de toutes les bêtises que vous pourriez supposer avec une femme nue, se met à l’ouvrage.

» Il y a, près de lui, un énorme bloc de terre glaise, et il tâche de donner à ce bloc la forme exacte de la femme qu’il a sous les yeux.

» Il en enlève par-ci, il en rajoute par-là. Bref, il tripatouille sa terre glaise, jusqu’à résultat satisfaisant.

» Quand il a peur de se tromper, de faire une cuisse trop grosse, par exemple, ou un mollet trop maigre, il s’approche du modèle et mesure la partie en question avec un mètre flexible en étoffe, semblable à ceux dont se servent les tailleurs, et divisé en centimètres et en millimètres. S’il a fait la cuisse trop grosse, il enlève de la terre. S’il a fait le mollet trop maigre, il en rajoute, et voilà !

» Comme vous voyez, ce n’est pas un métier bien difficile.

» Si je n’avais pas tant à faire, je me mettrais à la sculpture. Je me sens une vocation toute spéciale pour la reproduction des nymphes couchées.

» Malheureusement, je suis myope comme un wagon de bestiaux ; quand je veux voir quelque