Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/63

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j’éprouve pour son noble caractère et pour la façon si docte, si magistrale, si définitive avec laquelle il dénoue le nœud gordien des plus grosses difficultés de langue française, m’ont amené à lui demander, par votre intermédiaire, son avis sur une question qui nous passionne, quelques amis et moi.

» M. Allais a su conquérir, dans les milieux universitaires, une vive autorité pour la lueur qu’il jeta jadis sur le genre du mot tac, masculin ou féminin selon le cas (l’attaque du moulin, le tic-tac du moulin, la tactique Dumoulin).

» Il s’agit aujourd’hui des différentes orthographes du mot sang, qui ondoient suivant la qualité, la couleur, la température, etc., etc.

» Quand, par exemple, vous parlez, dans le Journal, de ce jeune esthète que vous appelez, je crois, Sarcisque Francey ou Sancisque Frarcey (ou un nom dans ce genre-là), vous dites : « Ce petit jeune homme détient le record du bon sens. »

» Mais dès qu’il est question du chasseur Mirman, vous écrivez : « Le député de Reims se fait beaucoup de mauvais sang. »

» Donc, s, e, n, s, quand c’est bon ; s, a, n, g, quand c’est mauvais.

» De même, l’orthographe de ce mot varie avec la couleur :

» Quoique le sang soit habituellement rouge, vous écrivez « faire semblant » s, e, m, et « sambleu ! » s, a, m.