Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/80

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comme il est très aimable, il tient à m’éviter la peine de tirer moi-même la sonnette d’alarme.

Cependant, ralentissant sa marche le train et se montrait à la portière la tête effarée du conducteur.

— Quoi ! quoi ! Qu’y a-t-il ?

— Oh ! répondit en souriant le monsieur de Valence, tranquillisez-vous, mon ami ! Il ne se passe rien de nature à altérer la sécurité des voyageurs. Il ne s’agit, en ce moment, que des intérêts de la Compagnie.

— Les intérêts…

— Les intérêts de la Compagnie, parfaitement ! Ce petit garçon qui est avec moi, mon fils en un mot, est né le 7 décembre 1887, à onze heures cinq du soir. Il vient donc d’entrer à cette minute dans sa septième année. Or, il est monté dans le train avec un ticket de demi-place ; il doit donc à votre administration la petite différence qui résulte de cet état de choses. Veuillez me donner acte de ma déclaration et m’indiquer le léger supplément à verser en vos mains.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’ai tenu à signaler au public cet acte de probité qui nous consolera de bien des défaillances actuelles.

Combien d’entre vous, lecteurs et lectrices, vous trouvant dans cette situation, n’auriez rien dit et ne vous croiriez point coupables !

Le sens moral fiche le camp à grands pas, décidément.