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Le Vitrier



Encore un carreau d’cassé,
Voilà l’vitrier qui passe !

Au vitri…hîr !

Tous les mardis, entre dix et onze heures, ce cri retentissait d’un bout à l’autre de la rue Neuve-des-Philistins.

Au vitri…hîr !

Un cri vibrant, vrillant, inoubliable.

Et ce cri faisait résonner les tympans jusqu’à la moelle du cœur et frémir les vitres comme à l’approche d’une catastrophe prochaine.

(Avez-vous remarqué, disait Ignotus, comme les carreaux frémissent à l’approche des tremblements de terre ?)

Dès qu’on apercevait le pousseur de ce cri, on devinait en lui un vitrier jeune et intensif.

J’ajouterai qu’il existe à Paris peu de vitriers aussi jolis garçons que ce vitrier-là.

Ancien brigadier trompette dans un régiment de spahis du canton de Vaud, il avait conservé de son métier, je ne sais quelle désinvolture cavalière et surtout une façon d’effiler sa