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L’ARROSEUR

longue moustache qui cassait le cœur de toutes les bonnes et de quelques bourgeoises.

Ah ! voilà un type qui ne s’embêtait pas dans la vie !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un mardi matin, vers dix heures, Mme veuve de Puyfolâtre époussetait les bibelots sur l’étagère de son salon. (Elle ne confiait ce soin à personne, les bonnes d’aujourd’hui sont si sans soin !)

La porte s’ouvrit et parut Gertrude :

— Madame, je viens de casser un carreau dans la cuisine.

— Vous n’en faites jamais d’autres, ma fille.

J’en ai pas fait exprès, madame.

— Il ne manquerait plus que ça !

— C’est aujourd’hui que passe le vitrier… Faut-il l’appeler ?

— Bien sûr, qu’il faut l’appeler. Nous ne pouvons rester éternellement avec ce carreau cassé.

Au même instant, le cri retentit : Au vitri…hîr !

Gertrude dégringola l’escalier et, bientôt, ramena l’homme.

Décidément, c’était un très beau gars !

Mme veuve de Puyfolâtre parut favorablement impressionnée par l’aspect de cet humble industriel, et, quand le dégât fut réparé, lui offrit un bon verre de vin, suivi de plusieurs autres.

Toujours en effilant sa longue moustache, l’ancien brigadier trompette conta quelques épisodes de sa vie guerrière.

Ce joli garçon se doublait d’un héros modeste.

Les deux femmes écoutaient, ravies.

Mme de Puyfolâtre, brune, avec des bandeaux plats, très belle encore, malgré la dépassée quarantaine.

Gertrude, petite bonne frivole dont les mèches blondes s’envolaient à tous les zéphirs.

Et, ma foi, je ne sais pas trop lesquels, des bandeaux plats