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Le Mystère de la Sainte-Trinité
devant la jeunesse contemporaine


Il y a deux ou trois jours, pas plus, j’ai rencontré mon jeune ami Pierre, dont j’eus l’heur de faire la connaissance à Nice, cet hiver.

Aux Champs-Élysées, mon jeune ami Pierre accompagnait, sans enthousiasme, le baby, sa sœur, qui jonchait, inerte, la copieuse poitrine de sa percheronne nounou.

Étendu sur deux chaises tangentes, Pierre affectait des attitudes plutôt asiatiques et ne semblait point s’amuser autrement.

Il m’aperçut, se décliqua, tel le ressort A. Boudin (voyez ce ressort) et vint vers moi, l’œil plein d’une rare désinvolture et, toute large ouverte, sa main loyale :

— Tiens, te v’là, toi !… j’suis pas fâché de te voir. Faudra venir nous dire bonjour… Tu sais que nous sommes revenus de Nice ?

— Je m’en doute un peu, à ta seule rencontre.

— C’est vrai !… je suis bête… Viens nous dire bonjour… Maman te gobe beaucoup… Elle dit que rien de voir ta bobine, ça la fait rigoler.