Page:Allais - Le Boomerang.djvu/66

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— Par contre, votre redingote devient d’un fort joli vert.

Le Pauvre Bougre demeure un instant silencieux, puis il s’exclame :

— Les voilà bien, les mystères de la Nature ! Les voilà bien !… Qui expliquera jamais pourquoi le Temps, étrange teinturier, s’amuse à pousser les vieux chapeaux au rouge, cependant qu’il verdit les antiques redingotes noires !

Il rapproche son chapeau de la manche de sa redingote, en compare les nuances et constate :

— Le vert de ma redingote fait admirablement valoir le rouge de mon chapeau.

— Et réciproquement.

— Ainsi rapprochés, ma redingote paraît plus verte et mon couvre-chef plus rouge.

Le garçon de café, sans sourire peut-être, pourquoi pas ? sérieusement :

— Cela n’est même pas vilain… en clignant un peu les yeux.

— Possible. Mais je préférerais néanmoins un costume moins polychrome.