Page:Allais - Le Captain Cap.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y a quelques semaines débarquait, porteur à mon adresse d’une lettre de recommandation, un jeune Américain du Kentucky nommé Tom Hatt, appellation qu’il justifie pleinement par le rouge éclatant de son pileux système.

Mais ce n’est pas grâce à l’écarlate de son poil que le jeune Tom Hatt attire l’examen du connaisseur, c’est plutôt par la folâtre façon qu’il emploie de prononcer votre belle langue française, façon si folâtre que l’oreille la plus exercée aux gutturs yankees ne saurait démêler en la conversation de Tom le moindre compréhensible fétu.

Beaucoup d’esprits superficiels, écoutant mon jeune ami, jureraient même qu’il profère quelque idiome pahouin.

Il faut dire aussi pour sa décharge que, dans le fin fond de son Kentucky, entièrement dénué du plus pâle compagnon français, Tom Hatt réussit à force d’énergie — ah ! la supériorité des Anglo-Saxons ! — à apprendre le français, tout seul, dans quelques livres trouvés chez le brocanteur.

En le simple de son âme, inloti de renseignements ad hoc, Tom Hatt trancha la question de la prononciation en ne l’abordant pas, et Tom Hatt prononça le français comme depuis