Page:Allais - Le Captain Cap.djvu/185

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sa naissance il prononçait la langue de Washington.

En sorte que, depuis son arrivée en Europe, il n’avait rencontré personne, sauf un individu avec lequel il pût s’entretenir, sans inconvénient, dans notre langue.

Aussi fallait-il les voir — et non pas les entendre, vous allez comprendre tout à l’heure pourquoi — tailler d’interminables bavettes, mon ami Tom Hatt et un certain Tony Truand, jeune sourd-muet marseillais dont notre Américain avait récemment fait la connaissance aux concerts Colonne !

Le silencieux Tony Truand — ironie des noms ! — n’accordait à la question de prononciation nulle importance. De son côté, l’infirmité de Tony ayant aboli chez le pauvre Phocéen les inconvénients de l’accent marseillais, Tom et Tony n’éprouvaient aucune difficulté à se comprendre, et c’est à merveille que les deux braves garçons s’entendaient, bien entendu, par gestes.

Tony Truand arriva même à prendre sur Tom Hatt un énorme ascendant, et il l’engagea bientôt à composer des poèmes, ainsi qu’il le faisait lui-même depuis sa plus tendre enfance.