Page:Allais - Le Captain Cap.djvu/251

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… Et je proposai à l’administration compétente de créer des bouées à odeur pour parages dangereux.

Pourquoi donc pas ?

Voyez-vous d’ici le tableau : une nuit noire épaissie d’un brouillard compact. Pas un feu sur terre, pas une étoile au ciel !

Comme musique, le sifflement du vent dans les cordages, le fracas des vagues, les cris des femmes et des enfants.

Où sont-ils, les pauvres matelots ! Dieu seul le sait et peut-être n’en est-il pas bien sûr !

Tout à coup, le capitaine a reniflé par N.-N.-O un puissant relent de vieux roquefort et par S.-E une fine odeur de Martini Cocktail[1].

Il consulte sa carte (une carte qu’on dressera ad hoc), et reconnaît sa position.

Sauvés ! merci, mon Dieu !

Il manœuvre en conséquence, et une heure après, le navire est au port ; tout le monde, matelots et passagers, entonnent, les uns des

  1. Un des meilleurs cocktails quand il est bien préparé. Glace en petits morceaux, demi-cuillerée à café d’orange-bitter, de curaçao et de crème de noyau. Finir avec parties égales de gin et de vermouth de Turin. Agitez, passez, zeste de citron.