Page:Allais - Vive la vie.djvu/110

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Du coup, ma douloureuse stupeur se teinta d’étonnement.

— Oui continua-t-il, le pauvre Desmachins est mort sur mon conseil !

— Le guillotiné par persuasion, quoi !

— Oh ! ne ris pas, c’est une épouvantable histoire, et je vais te la conter.

Je pris l’attitude bien connue du gentleman à qui on va conter une épouvantable histoire, et mon ami — car, malgré tout, c’est encore mon ami — me narra la chose en ces termes :

— Un jour, je rencontrai Desmachins enchanté d’une nouvelle acquisition. Il venait d’acheter un os de mouton sur lequel était inscrit, de la main même du Prophète, un verset du Coran.

— Et tu as payé ça ?… lui demandai-je.

— Une bouchée de pain, mon cher. C’est un vieux cheik arabe qui me l’a cédé. Comme il avait absolument besoin d’ar-