Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/10

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On a vu dans Rome antique le peuple s’armer, réclamer des droits, les obtenir, avoir des magistrats à lui, les tribuns, et oser prétendre à toutes les charges. En France, on a vu le tiers-état renverser la noblesse et l’oublier, ne l’appeler ni ne l’exclure ; mais à Florence, d’un côté la considération que les temps accordaient encore à la naissance, de l’autre l’inhabileté et l’insolence de la noblesse dans cette ville, expliquent en partie une persécution continuelle.

Nulle part, si ce n’est dans les républiques de la Toscane qui suivaient Florence, on n’a vu la noblesse ainsi exclue. C’est ici le trait qui caractérise cette histoire et la distingue de toutes les histoires ; c’est ici une plèbe victorieuse comme il n’en est pas d’exemple.

À Florence, comme en France, la classe moyenne eut le fruit du succès ; mais sans parler de la différence d’une petite république à un grand royaume, l’organisation de l’a plèbe à Florence, les milices citoyennes, la force des arts, l’admission des ouvriers mêmes aux charges publiques, les formes républicaines, donnent aux événemens un tout autre caractère qu’à la France, où le peuple est si vif et si guerrier, que dès qu’il a le pouvoir il s’arme, fait feu, est entraîné encore plus loin que le peuple italien et rendra longtemps dangereux les efforts qu’on fera pour l’organiser. Les beaux-arts, les poètes, le ciel ajoutent aussi à l’histoire de Florence un éclat inconnu dans nos climats.

Comme la politique est une science, et que la plèbe, peu propre à y atteindre, a son rôle de plèbe à jouer (au moins pour longtemps encore) nous avons écrit sans partialité l’histoire d’une démocratie, curieuse surtout de conserver à l’histoire sa vérité, et pénétrée de la simplicité et de la gravité des historiens italiens. Les Arts-Mineurs (c’est ainsi qu’on nommait les charpentiers, bonnetiers,