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CHAPITRE II.

Si l’on songe à ce qu’il en coûte à une république ou à un royaume pour changer de prince ou de gouvernement, ou pourra imaginer ce que souffrirent, dans ces temps, l’Italie et les autres provinces romaines, qui changèrent non seulement le gouvernement, mais les lois, coutumes, habitudes, religion, langue ; le changement d’une seule de ces choses épouvante l’âme ferme, qui ne fait que l’imaginer sans le voir ni le souffrir : des villes nouvelles furent fondées : d’autres disparurent : pays, lacs, fleuves, mers, hommes prirent d’autres noms (1).

Ce qui resta de l’antiquité fut défiguré : des municipalités villageoises empruntèrent à Rome ses consuls, en restant toujours sous la suprématie de l’Empire, alors qu’il y avait à peine un empire, et l’ignorance et la superstition rendirent à Rome une suprématie universelle, qu’elle avait duc jadis à son génie ; Home catholique s’éleva sur les ruines de Rome antique. Le règne de Charlemagne, dont l’héroïsme se débattait dans les ténèbres, fut suivi par les malheurs des neuvième et dixième siècles, les plus désastreux de l’histoire du monde. Des empereurs italiens, comme leurs historiens les appellent, tentèrent d’établir une souveraineté nationale : franger, le premier, fut prcuar dam Icx armes. Des querelles éternelles signalent ces temps grossiers ; dans l’Eglise, on vit tant et deux papes, tantôt un, tantôt trois ; ils se chassaient, se faisaient mourir ou arracher les yeux, les uns les autres, avec ou sans appui de l’Empire, et au milieu des guerres et du sang, sur tous les points de l’Italie.

Florence, attachée à l’Eglise, en partageait les revers, et voyait Fiésole sur sa tête devenir plus hardie avec les succès de l’Empire.

Enfin les Othon d’Allemagne, renversant les princes italiens, laissèrent, à cause de leur séjour éloigné, se développer en liberté ces républiques villageoises.

Florence, d’ailleurs, en savait peu des villes d’Italie : partout mœurs rustiques et religieuses avec peu de communications ; foi et langue communes qui liaient cette

(1) Machiavelli, lib. I.