Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LIVRE QUATRIÈME

Suite de l’époque de Dante. — Ordre de la justice contre les grands. — Factions des blancs et des noirs. — Dante, seigneur de Florence. — Son exil, son poème et sa mort.


CHAPITRE PREMIER.

GIANO DELLA BELLA. — ORDRE DE LA JUSTICE CONTRE LES GRANDS.


Nous avons vu, au xiie siècle, la prospérité de Florence amener des luttes civiles, l’énergie croissante des citoyens se tourner contre eux-mêmes et troubler l’État. (1292) À présent encore, nous allons voir des forces, sans essor, éclater à l’intérieur de la république, comme si les états florissans étaient faits pour conquérir, porter aux autres hommes leurs connaissances et leurs avantages, et non pas pour en jouir en repos.

Les citoyens étaient devenus envieux et orgueilleux ; des homicides et des outrages avaient été commis ; on se provoquait, on s’attaquait. Les grands surtout avaient maltraité les faibles et les plébéiens. À la campagne comme à la ville, ils employaient la force et la violence contre les personnes et les biens. En même temps divisés entre eux, leurs brigues et leurs discordes étaient les plus grandes qu’on eût vues depuis le retour des Guelfes à Florence : guerre entre les Adimari et les Tosinghi, entre les Rossi et les Tornaquinci, entre les Bardi et les Mozzi, entre les Gerardini et les Manieri, les Cavalcanti et les Buondelmonti, chez les Frescobaldi entre eux, chez les Donati entre eux, et chez bien d’autres encore. Ainsi, tandis que les grands opprimaient le peuple, ils lui offraient, par leurs divisions, une victoire facile si on voulait la chercher. Le peuple le comprit, songea à s’affranchir, à se montrer guelfe, à affermir ses institutions libérales. Des artisans et des marchands de Florence, qui aimaient à vivre tran-