Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/94

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quilles, voulurent remédier à cette peste ; le plus habile et le plus hardi entre eux était un antique, vaillant et noble plébéien, le plus puissant que Florence eût encore eu, homme riche et influent appelé Giano della Bella.

Arrêtons-nous un moment. Nous avons vu toujours le peuple florentin, inquiet, surveiller la noblesse. La ville industrieuse, riche par son commerce, peuplée d’un grand nombre de marchands et d’ouvriers, avait favorisé des opinions et des intérêts rivaux de l’aristocratie. L’aristocratie même, séduite par les richesses, rapprochée du peuple par la simplicité des mœurs, ruinée souvent par l’exile et la confiscation, s’était mise aussi à négocier : l’art de la laine fut regardé comme une profession noble, et nous avons déjà nommé quelques maisons anciennes adonnées au commerce. D’un autre côté, les commerçans enrichis devenaient insolens. Ainsi, en même temps que la ville était toujours plus commerçante, la richesse et la naissance restaient toujours de si grands avantages, que malgré la jalousie, le courage et les fréquens triomphes du peuple, les grands reprenaient toujours l’autorité. Nous avons raconté’ d’abord le gouvernement des Anziani sans trouver dans les auteurs contemporains comment le peuple fut déjà assez fort pour s’organiser. Après la chute de ce gouvernement glorieux de dix ans, vaincu aux vallées de l’Abia où fut détruit ce qu’on appelait le vieux peuple de Florence, nous avons vu les Gibelins maîtres du gouvernement, mais prêts à être renversés, organiser eux-mêmes les arts majeurs pour plaire aux Guelfes ; puis les Guelfes vainqueurs étendre le pouvoir des arts majeurs, et créer les Prieurs des arts, seigneurie de marchands. Alors tout était guelfe, et tout semblait démocratique ; mais alors, comme toujours, les riches retrouvaient promptement l’influence. Giano della Bella et les autres plébéiens, suivant la marche commencée, vont renforcer ce qui a été fait ; ils affermiront les arts, et, chose étrange, inouïe, particulière à Florence, ils excluront les nobles du gouvernement ! La longue lutte du peuple et de l’aristocratie romaine tendit à égaler la condition des deux ordres ; le peuple romain, sous la résistance modérée du