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taquer le jury criminel (qui, comme les modes chez nous, semble changer avec les saisons), dans le but indirect d’arrêter la presse, d’établir des peines sauvages, de rabaisser encore la pairie humiliée, de confondre toutes les notions qu’ils nous ont données, tous les principes qu’ils ont proclamés. La doctrine propose, et la pairie, la science adopte ! On va jusqu’à dire que les juges préserveront des jurés : Athènes, dans ses grandes folies, ne s’égara pas mieux. Les députés du peuple approuvent, et la nation en partie voit la loi avec plaisir. Eh ! comment supporter la liberté de la presse sans des forces au sommet qui vaillent les forces d’en bas ! Et vous, qui mieux que les autres chez nous présentiez la politique comme une science, vous qui expliquiez à votre pays le rouage et la beauté du gouvernement représentatif, vous que la nation vit long-temps comme un des plus chers rejetons de son aristocratie illustre et plébéïenne, vous que tous les sentimens patriotiques et justes ont trouvé sensible, vous êtes le plus coupable, et il vous faudra pour vous faire pardonner redoubler de travail et d’éloquence.

On a été jusqu’à défendre des livres permis sous Louis XV, on a interdit le mariage aux prêtres ; la nation a été blessée dans ses sentimens les plus vifs. Partout domination folle : ici, un parti royaliste et prêtre qui voulait faire combattre Henri V avec don Carlos, qui ne peut triompher, s’il triomphe, que pour un jour ; de l’autre, voiles déployées, passions fougueuses et irréfléchies, républicains qui passent de Robespierre à Jésus-Christ, du comité de Salut Public aux Paroles d’un Croyant, avec une bonne foi comique ; et des ministres, enfin, qui dans une semaine (ce n’est plus la glorieuse) attaquent le jury, la charte et la pairie.

Quand deux grands peuples en Europe se sont éveillés barbares encore, ne trouvant pas en présence