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doit pas redouter de changer quelque chose à sa morale.

L’égoïsme et la vanité, la prudence et l’ambition, à la ville, empêchent l’homme de se marier ; craignant de se charger d’une famille, il sacrifie les belles années de la vie et de la tendresse. Si les filles étaient moins timides et moins stupides, peut-être vaincraient-elles ; mais tout concourt à séparer ce qui pourrait s’aimer honnêtement. Des femmes mariées ou des femmes perdues s’emparent des hommes, et les filles restent seules.

Avec l’égalité, les mœurs se rapprocheront plus du village ; les hommes seront meilleurs ; les filles, plus hardies et plus séduisantes. Les affections seules charment une vie frugale. L’homme studieux, qui se livre aux sciences dès sa jeunesse, a besoin que la beauté, les soins, l’amour d’une femme, ornent sa vie : c’est dans une société libre et philosophique comme est la France que le mariage sera le plus heureux.

De quel droit d’ailleurs la société immole-t-elle à son repos des créatures vivantes, des femmes qui, aux deux bouts de la chaîne morale, expirent, les unes dans un isolement forcé, les autres dans une dégradation abominable ? De quel droit sacrifiez-vous cette infortunée qui marche en aveugle, sans savoir les dangers déplorables qui l’attendent ; vous lui souriez au premier pas quand elle s’engage, imprudente et légère : son insouciance et sa bonté vous plaisent ; elle a souvent tendu généreusement la main au misérable qu’elle va remplacer aux hospices. Les esclaves sont moins à plaindre ; on en fit une traite moins atroce. Et cette honnête fille du bourgeois pauvre, qui doit vivre sous les yeux de sa mère, qui soupire et souffre, que tout contrarie ; cette fille, qui meurt avant trente ans, quel crime a-t-elle commis ? Et la coutume de l’Inde qui, encore aujourd’hui, tue