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à sa naissance la fille qui ne trouvera pas de mari, n’est-elle pas plus humaine ? Les religions ne mirent nulle différence entre les devoirs de chasteté pour l’homme et la femme, mais quel est l’homme qui voudrait souffrir et mourir pour observer la défense ?



CHAPITRE XI.


La femme supérieure ressemble à l’homme supérieur ; l’esprit humain s’exerce sur de mêmes objets. Sa jeunesse sérieuse a cherché les livres, les sciences, connu son énergie et voulu l’employer. La plus grande différence de cette fille avec l’homme est dans ces jeux où la maternité s’annonce, où la jeune fille habille, déshabille, endort, embrasse le fantôme d’un enfant. Tels sont les soins qu’elle aime ; mais la vie domestique, les occupations du ménage, les détails l’ennuient. Vivant avec les femmes héroïques et les grands hommes, elle songe à les suivre et les étudie délicieusement. Ne doutons pas que cette fille n’ait une morale relâchée ; trouvant rarement unis les grands caractères et la régularité des mœurs, elle ne mettra pas les mœurs au premier rang, mais la passion va naître pour elle, qui lui donnera la dignité et la morale.

La jeune fille sera plus sensible qu’une autre femme à la crise qui nous donne l’existence : une tristesse profonde, des impressions extraordinaires, un ennui sans fin, s’empareront tout à coup de sa vie ; elle aborde l’idée de la mort, qu’elle n’avait jamais envisagée : sa vie, sa fin, l’étonnent. Pourquoi est-elle née ? Où va-t-elle ? Son cœur bat, son front rougit,