CHAPITRE XII.
On a fait cette objection judicieuse, que si les femmes font les études des hommes, elles se croiront toutes supérieures ; qu’il y a bien assez des prétentions des hommes, et que si les deux sexes ont des prétentions pareilles, il y aura lutte entre eux.
En ouvrant les rangs de la société à toutes les classes, on les a ouverts aussi à la médiocrité. Et ici nous aborderons la question entière.
CHAPITRE XIII.
Si la nature a mis une égalité générale entre les hommes, égalité que la société en France a voulu établir, la nature a pourtant consacré avec non moins de force l’inégalité. Si le commun des hommes est soumis à des idées, des besoins pareils ; s’ils semblent une famille de frères, quelques uns d’entre eux, pourtant, se détachent, comme les lis des champs, pour dépasser les autres.
La nature a créé cet homme aux facultés bornées, qui se plaît aux travaux des mains, à la lutte, à la rivalité des parures, qui voit sans observer, aime sans passion, ne s’inquiète pas de la mort, vit de la vie des brutes, auxquelles il ressemble. La nature a doué cet autre homme de ses faveurs puissantes et délicates : sensible à la beauté du séjour qu’il habite, il contemple aussi ses semblables ; son ame agitée, son esprit étendu, s’exercent sur tous les objets. La nature a créé de même la femme belle et ambitieuse,