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Pour parer à la faiblesse des lois et à l’autorité des hommes, on avait trouvé l’ostracisme, qui frappa presque tout ce qu’Athènes eut d’illustre, excepté Périclès. Les démocrates s’efforcèrent à corrompre une nation ingrate qui punit par cette loi ceux qui la servaient, comme ceux qui l’avaient trahie : nul corps, point d’hérédité, point de sénat à vie, pas de familles consulaires, rien qui pût modérer les passions du vulgaire ni du génie. C’est une aristocratie naturelle, mais qui, s’élevant par la faiblesse des lois, ne trouve ni devoirs ni science pour se guider. Telle est pourtant la beauté de l’aristocratie naturelle, que nous nous laissons séduire comme la république, et quand au siècle de Périclès nous voyons les lumières, la philosophie, la science, les lettres, les beaux-arts, jeter un éclat qui plus tard aidera à sortir le monde moderne des ténèbres, nous ne demandons pas plus à Athènes, et nous la saluons avec respect. Et que le temps de cette gloire éclatante fut court ! Depuis Solon jusqu’à Démosthènes, les générations se sont suivies sans s’oublier : tout est enfermé dans le court espace de deux siècles et demi, temps prodigieux où la nature ouvrit son sein pour produire plus que des hommes.

Sparte soutint toujours dans la Grèce les intérêts de l’aristocratie. Lycurgue avait partagé les terres de la Laconie en trente mille parts, qu’il distribua à ceux de la campagne ; et le territoire de Sparte, en neuf mille parts pour les citoyens[1] ; ce qui resta d’inégalité par les immeubles fut combattu par les mœurs ; car les citoyens étant mis de même, dînant ensemble, ayant des habitudes communes, avaient peu d’occasions de se distinguer les uns des autres. La royauté était la seule charge héré-

  1. Les historiens diffèrent sur ce dernier nombre.