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ditaire. Le sénat se composait de vieillards élus à vie par le peuple, aristocratie naturelle, mais cette fois privilégiée et disciplinée, basée sur l’esprit et la vertu. Les rois et cette aristocratie naturelle firent un gouvernement si vigoureux, qu’on créa les éphores, comme les tribuns de Rome, pour modérer l’autorité des chefs. La discipline publique avait une aussi grande force : Sparte n’était pas une ville, c’était une secte ; et comme les citoyens passaient leur vie ensemble à discourir, laconiser, en grec, voulait dire philosopher ; leur loi n’était pas écrite, mais portée au fond de leur cœur comme défendue de leur sang.

C’était si élevé, si beau, que nous avons prétendu que c’était des faibles ; il ne nous a pas suffi des monumens grecs et visibles, de l’histoire attestée par les contemporains ; c’était trop fort pour nous, et nous l’avons nié. Sparte, d’ailleurs, ne s’offre pas à la mémoire si fertile qu’Athènes en grands hommes, puisqu’elle avait proscrit les beaux-arts, discourait savamment, mais n’écrivait pas ; ses hommes fameux sont le plus souvent ses rois ; peu d’individualités sortent au sein de la secte ; c’est la seule multitude dans l’histoire qui produise ce grand effet ; partout nous voyons le peuple plus ou moins grossier ; à Sparte, il semble toute une race illustre. Sparte pourrait donc être par là l’idéal des plébéïens, si la plèbe avait un idéal. Remarquons comme le climat a fait différer les législateurs dans quelques détails : Lycurgue enterrait les morts dans la ville et voulait habituer les citoyens à toucher un mort sans crainte, tandis que les livres hébreux, les livres zends et d’autres d’Orient, déclarent souillé tout homme qui aura touché un cadavre. À la guerre du Péloponèse, Sparte et Athènes étaient corrompues ; la Grèce n’aurait pu se soutenir que par les fédérations de l’Étrurie ; c’est le danger des petits pays, comme s’il y avait une proportion voulue pour l’Europe.