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de choses : quand les pauvres sont mécontens, ils se soulèvent ; mais les riches des États-Unis craignent pour leur fortune et se retirent : les juges seuls forment une sorte d’aristocratie. Ce peuple libre n’a pas seulement su défendre sa capitale ; quelques vaisseaux anglais ont foudroyé jusque dans Washington les bourgeois puritains. Ce peuple enfin, sans gloire et sans génie, est flatté par ses serviteurs avec plus de bassesse qu’on n’a jadis flatté les rois. Qui ne voit qu’il lui faut une autre inspiration ? Qui n’espère qu’il la reçoive tôt ou tard ? Le forum succèdera à la ferme, l’état à la commune. Cette race ne sera pas toujours si médiocre ; quelques hommes, s’emparant de ces élémens et leur donnant la couleur, appelleront à des jouissances morales ces armées de planteurs et de marchands.

La grandeur primitive de la race humaine sera rendu aux habitans des États-Unis, comme elle est départie à la race sauvage dépouillée par eux, qui, sortie vierge des mains du Créateur pour habiter cette terre, méprise les travaux sordides des Européens, leur oppose la guerre, la fierté, l’individualité, et s’enivre au fond de ses déserts d’une vie périlleuse, remplie d’émotion et de grandeur.

On s’aperçut promptement aux États-Unis que l’union n’était pas forte. Le peuple appela dans le danger pour la renforcer hommes, non pas qu’il aimait le plus, mais qu’il estimait le plus. Ceci est remarquable et confirme cette vérité que le peuple est un mauvais électeur ; ceux qu’il estimait n’étaient pas ceux qu’il aimait, et le danger seul les lui fit choisir. Ces hommes firent la constitution fédérale, qu’on dit la meilleure des États-Unis ; ils resserrèrent le gouvernement et élevèrent le sénat. Craignant la trop grande influence du peuple, et par là son asservissement, ils combattirent le danger par un commencement d’aristocratie naturelle. Le parti fé-