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déraliste domina dans les crises qui donnaient une vie politique avant que la tranquillité et la ferme ne s’établissent. Ce parti sentit qu’il fallait une aristocratie légale, ou qu’il y en aurait une usurpatrice ; qu’il fallait une place pour les forces morales, ou qu’elles troubleraient l’État. Les autres pays ont commencé par les passions pour aller à l’égalité ; les États-Unis marchent désormais de l’égalité aux passions. La constitution fédérale s’établit au dessus des autres, et régna non sur des états, mais sur des individus, forte encore parce que les états sont au même degré de civilisation, parce que la forme du terrain y aide, et surtout parce qu’il n’y a encore ni voisins ni guerre.

Nous voyons quelle inquiétude les nègres causent au sud ; affranchis au nord, ils vivent misérables et mal traités ; au sud, esclaves et plus heureux, leur grand nombre pèsera dans l’avenir. Le nord, en les affranchissant, les a envoyés au sud ; le sud, qu’en fera-t-il ? ou bien les nègres, que feront-ils du sud ?

Les commencemens des États-Unis, d’ailleurs, la ferme et la liberté, valent mieux que la barbarie ; et s’ils ont plus d’instrumens tout faits que d’invention, c’est le caractère des colonies. Ce peuple nous montre comment l’égalité absolue ne produit rien de beau, comment une nation qui n’a été formée ni par la royauté, ni par l’aristocratie, est vulgaire, et comment, si le monde n’avait pas tout trouvé pour les États-Unis, ils n’auraient jamais fait faire un pas aux sciences, aux arts, ni à l’industrie.