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mémoires d’un communard

de l’attentat dont mon frère avait failli être victime.

Au bout d’un instant mon frère reparut, accompagné de quelques gardes nationaux. S’adressant à la patronne, il lui demanda le nom du bandit qui avait tenté de l’étrangler.

— Je l’ignore ! répondit-elle effrontément.

— Vous mentez, Madame ; je vous demande le nom de ce misérable lâche.

Elle pâlit davantage encore, mais continua ses dénégations.

— En ce cas, Madame, veuillez me suivre !

La jeune personne assise auprès d’elle demanda à l’accompagner. Mon frère intima également l’ordre à deux des consommateurs qui, au moment où il dégainait, l’avaient maîtrisé, de le suivre, et toute la séquelle fut menée au poste de la mairie.

En attendant d’assassiner en grand, le gouvernement de M. Thiers procédait en détail.

Devant partir aux avant-postes, mon frère, après un interrogatoire qui n’amena aucun résultat, me pria de remettre en liberté les complices de son agresseur. Trois mois après, la veuve Combes et la jeune personne qui l’accompagnait venaient à Versailles déposer contre mon frère, en l’accusant de les avoir menacées et emprisonnées : ne l’ayant pu assassiner, on tentait de l’envoyer au bagne.

Tous les mêmes, ces « honnêtes gens » !

Nous découvrîmes que l’agresseur s’appelait Rémy et était intime avec le capitaine d’artillerie Guillaumot. Tous deux disparurent, jugeant plus prudent de mettre entre eux et ceux qu’ils avaient comploté d’assassiner les forces versaillaises.

Ces faits, et beaucoup d’autres de même espèce, démontrent combien furent nombreux les agents secrets que le gouvernement de Versailles lança sur Paris ; il y en eut qui demeurèrent au milieu des combattants jusqu’au dernier jour de la bataille. Peut-être même quelques-uns furent-ils fusillés par ceux-là mêmes qu’ils avaient servis. Au cours de ce récit nous aurons, à diverses reprises, à reparler de ces émissaires envoyés par Versailles.

Les fatigues excessives, la privation presque com-