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avant-propos

il leur tardait de noyer dans le sang des travailleurs leur ignominie de généraux de déroutes.

À l’instar de leurs congénères de juin 1848 et de décembre 1851, ils étaient impatients de sauver la société dont ils étaient le plus bel ornement.

Si, à cet état d’esprit des grosses épaulettes on veut ajouter le réel danger que courait l’institution même de l’armée permanente, discréditée au delà de toute expression, on comprendra le désir grand des chefs militaires d’en venir aux mains avec une population qu’ils savaient mieux préparée pour les travaux de la paix que pour les heurts sanglants de la guerre.

C’était sur elle que nos glorieux Va-t-en-guerre entendaient prendre leur revanche et c’est à cette entreprise criminelle que s’associèrent délibérément les Jules Favre et autres Ernest Picard, sous la direction du bourgeois le plus féroce des temps modernes : Thiers-le-Sinistre.

Pour mener à bien ce guet-apens contre la démocratie parisienne, qu’ils espéraient écraser facilement, ils ne reculèrent devant aucune provocation ou trahison. Ils furent littéralement cyniques.

L’Histoire vengeresse les a déjà cloués à son pilori en compagnie des pires malfaiteurs publics, et les générations avenir ne peuvent que confirmer ce verdict.

Ceci dit, amis lecteurs, nous vous convions à revivre avec nous la partie de l’épopée communaliste à laquelle nous prîmes une part plus ou moins active, comme combattant ou administrateur ; mis à nous suivre à travers les prisons et les bagnes où il plut aux vainqueurs de Paris de nous envoyer avec tant d’autres fermes républicains-socialistes-révolutionnaires, dont le rêve de bonheur universel s’effondra dans la répression la plus sanglante qui soit demeurée dans la mémoire des hommes.