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LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE I
le paradis néo-calédonien. — notre réception à l’île nou. — un exemple frappant. — le travail et les surveillants militaires. — le bagne et ses classes. — le colonel charrière. — le numéro 4.486. — mon envoi à montravel. — l’imprimerie du gouvernement.

Nous voici au 23 avril, le jour vient de se lever et le Rhin, à l’ancre dans la rade de Nouméa depuis la veille, s’apprête à dégorger le bétail humain que le bagne toulonnais confia à ses flancs, aussi vastes que peu hospitaliers.

Les hommes de la première cage de tribord doivent monter sur le pont et embarquer dans les chalands et chaloupes qui, depuis quelques instants, ont abordé le vaisseau-transport et conduit à son bord deux ou trois surveillants militaires fortement galonnés. Chacun de nous a promptement ramassé ses quelques hardes et les menus objets qui constituent son maigre bagage.

Me voilà sur le pont et, en attendant que vienne mon tour d’embarquer sur une des chaloupes pénitentiaires, je jette un regard sur la rade : devant moi se déroule une bourgade en amphithéâtre que couronne un sémaphore. C’est un pêle-mêle de maisonnettes n’offrant aucun attrait. A ma gauche, s’étend une presqu’île…