Plus tard il surgira de meilleurs chefs, mais il en sera fait de l’entrain, de la confiance des premiers jours ; on se devra cantonner, demeurer sous la protection des forts et des remparts : pendant cette lutte de près de deux mois, un seul combat de plein air pourra s’engager. Or, il n’est mystère pour personne qu’une population assiégée, qui ne peut s’épandre au dehors ou être secourue de l’extérieur, est fatalement vouée à la défaite.
L’espoir qu’une prolongation de la résistance amènerait une intervention énergique des villes républicaines, et forcerait le gouvernement de M. Thiers et l’Assemblée à une entente avec Paris, ranima cependant les courages et, en même temps que la ville se hérissait de barricades, la Commune s’occupait des défenses extérieures et s’efforçait, malgré leur délabrement, de les mettre à même d’opposer quelque résistance et, après l’enceinte, une troisième ligne de fortes barricades devait, si cela devenait nécessaire, arrêter la marche de l’envahisseur.
Ce plan ne fut qu’en partie réalisé.
Mais ce qu’il fallait à tout prix se hâter d’accomplir, c’était la réorganisation des entaillons, la constitution décadrés solides, dévoués à la Commune ; tâche très difficultueuse non seulement à cause des éléments dont on disposait, mais par suite des sourdes luttes que se livraient les membres de la Commune et ceux du Comité central.
Avec un zèle admirable, les membres que le Comité de légion m’avait adjoints me secondèrent dans l’œuvre pénible et délicate dont j’étais chargé et, n’eussent été les entraves apportées par le colonel Blin, la réorganisation des bataillons du cinquième se fût faite beaucoup plus rapidement.
En même temps que les neuf bataillons de marche que comptait la légion se complétaient, s’équipaient et s’armaient uniformément, nous nous préoccupions de leur adjoindre une compagnie de génie et une batterie d’artillerie.
La formation de la compagnie de génie donna lieu à un incident assez comique et que nous croyons devoir conter.
