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de la démocratie nouvelle.
CHAPITRE IV.
réponse aux prophètes de malheur.

Ce qui me rassure contre les sinistres prophéties qu’on nous fait sur la ruine de notre société, c’est la voix du passé. Elle nous enseigne que les peuples ne périssent que par l’envahissement de leur territoire ; et que le succès de la conquête tient à l’extrême corruption des vaincus. Pour que nous pussions être effacés de la liste des nations, il faudrait que le territoire français fût démembré. Les royaumes ne finissent que sous la domination étrangère. Les Égyptiens, après avoir duré seize siècles, sont détruits en subissant la loi des Perses : Les Assyriens disparaissent de la terre en cédant aux Mèdes et aux Perses : ceux-ci meurent, à leur tour, de la main des Grecs, qui abandonnent la place aux Romains. Enfin ceux-ci agrandissent tellement leur empire qu’ils n’en connaissent plus les limites. Rome finit par n’être plus autre chose que le monde. On ne sait si ce sont les Barbares qui deviennent Romains, ou les Romains qui deviennent Barbares ; et les nations modernes prennent naissance. La France ne saurait donc périr avant d’être conquise ou de conquérir l’univers.