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Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome II.djvu/375

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LIVRE XII, CHAP. XXIV. 371

lois du monde, mais s’appliqueront plus généralement aux usages de la vie et à l’adoucissement du sort des hommes.

La littérature prendra elle-même un caractère d’utilité. Les jeux de l’esprit auront un sens caché; la philosophie et la politique ne dédaigneront pas d’emprunter un voile aux muses. Les mœurs des classes régnantes seront plus régulières que celles de l’ancienne noblesse; les habitudes du foyer domestique reprendront leur sainte autorité. Aussi l’on verra les tableaux de ce genre, dominer dans les œuvres littéraires. A la place de la tragédie, dédiée aux crimes et aux malheurs des races aristocratiques, s’élevera le drame, où la moyenne fortune sera peinte, ballottée par les vicissitudes d’une grandeur subite ou d’une ruine non moins prompte. Les ridicules qui naissaient des lois factices de la politesse ayant disparu de la société, la comédie n’aura plus une gaité nationale, mais A~on~Me; elle représentera non les travers des classes, mais ceux des hommes qui ont joué un rôle quelconque en tout pays; par là elle satisfera encore la passion de l’égalité, qui est toujours mêlée du désir d’insulter aux situations éclatantes. Elle excitera le rire, en montrant les hommes illustres en déshabillé, en mettant le public dans la confidence du valet de chambre des héros, en