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Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome II.djvu/376

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faisant contraster les petites causes et les grands effets. Elle s’unira souvent avec le drame et perdra son caractère spécial, pour former un nouveau genre mixte en rapport avec les formes mêmes de notre société.

Le genre du roman prendra une extension incroyable ; il charmera les courts loisirs des hommes livrés en si grand nombre aux affaires publiques ; il divertira l’autre sexe, moins occupé qu’autrefois des recherches de la coquetterie et plus renfermé dans un paisible intérieur ; il fera pénétrer, dans tous les rangs de la société, des vérités utiles ; on le prendra pour organe philosophique, politique, religieux ; on s’en servira pour faire la seconde éducation des hommes qui auront manqué la première ; on l’assortira à l’intelligence des classes inférieures, et sous des proportions plus restreintes, il ira porter le plaisir ou la consolation sous le toit du pauvre. La poésie sera peut-être forcée de rendre hommage au roman, en se faisant roman elle-même.

En résumé, la littérature de la monarchie moyenne sera moins factice et moins frivole que celle des sociétés aristocratiques ; l’utilité sera son trait dominant ; l’action y prévaudra sur l’idéal ; il ne faudra pas y chercher l’harmonie des proportions, mais la force du naturel et la vérité des passions ; le génie n’y sera plus ac-